Armoiries de la ville d'Oran pendant l'administration française.
La prise de possession de la ville d'Oran par les Français ne fit pas parler la poudre, mais elle mit plus de temps qu'à Alger pour être officielle. Après la prise d'Alger le 5 juillet 1830, le vieux Bey d'Oran Hassan fait ses offres de soumission. Le capitaine de Bourmont, fils du général en chef de l'expédition d'Alger, est chargé de recevoir son serment40 . Comme les Arabes d'Oranie s'agitent, espérant recouvrer leur indépendance, et pressent fort le Bey Hassan dans sa capitale, il sollicite du capitaine de Bourmont l'appui de troupes françaises, promettant de remettre les forts. Pendant ces pourparlers, le capitaine Le Blanc, commandant du brick Le Dragon prend sur lui de mettre à terre une centaine de marins qui s'emparent du fort de Mers-el-Kebir, sans opposition des Turcs de la garnison. Le capitaine de Bourmont repart à Alger informer son père. Le maréchal de Bourmont fait alors partir à Oran le 21° de ligne, 50 sapeurs et deux obusiers de montagne. Partie le 6 août, cette petite troupe est rappelée le 14 à Alger à peine arrivée, en raison de l'abdication du roi Charles X. Les troupes françaises abandonnent le fort de Mers-el-Kebir après avoir fait sauter le front du côté de la mer41.
La situation du beylick devient inquiétante, le sultan du Maroc manifestant des convoitises sur l'ouest de l'ancienne Régence. À cette nouvelle, Clauzel, qui avait remplacé Bourmont à Alger, envoie le colonel Damrémont et le 20° de ligne, qui occupent le fort de Mers-el-Kebir le 14 décembre 1830, et quelques jours plus tard le fort Saint-Grégoire.
C'est dans une cité en grande partie détruite, à la suite du violent tremblement de terre qu'a connu la ville, peuplée de 2 750 âmes, qu'entrent les Français commandés par le comte Denys de Damrémont, le . Le vieux bey d'Oran, débarrassé de sa charge, s'embarque quelques jours plus tard pour Alger, puis pour Alexandrie. Ce retard de Damrémont pour entrer dans la ville s'explique par les pourparlers secrets que Clauzel avait engagés avec le Bey de Tunis pour installer dans le beylick d'Oran un prince de sa famille, moyennant reconnaissance de vasselage à la France et le paiement d'un tribut annuel garanti par le Bey de Tunis. Le khalifa du prince tunisien Sidi Ahmed arrive quelques jours plus tard avec 200 Tunisiens environ. Cet épisode tunisien dure peu, en raison du refus du gouvernement français d'entériner les traités passés par Clauzel, qui démissionne42. Les Tunisiens quittent Oran le 17 août 1831. La France décide dès lors d'occuper par elle-même Oran, et envoie un lieutenant-général pour manifester cette détermination, le général Boyer, qui y arrive à la mi-septembre. L'administration française s'installe dès lors et commence, comme il se doit, par des mesures fiscales : un arrêté du 7 septembre 1831 applique à Oran les droits de douane et d'octroi pratiqués à Alger43.
En septembre, le général Berthezène nomme à Oran, avec les mêmes attributions, M. Pujol, capitaine de cavalerie en retraite, blessé à la main droite sous l'Empire. L’une des premières mesures de l’administration militaire française fut de faire raser toutes les habitations et autres masures qui masquaient les vues du cote de l’est, entre Château Neuf et le Fort Saint Philippe. On fit de même, par la suite, pour tous les gourbis qui, du cote du Ras El Ain, pouvaient favoriser des embuscades et permettre à des assaillants de se glisser jusqu’aux remparts de la ville.
Hôtel de ville
L’œuvre de Abd El Kader commence en 1834 avec le traité Desmichels. Le 14 novembre, l'Émir Abdelkader signe ce traité avec Desmichel, qui reconnaît son autorité sur l'ouest de l'Algérie, sauf Oran, Mostaganem et Arzew. Le 20 mai 1837, le général Thomas Robert Bugeaud, débarque à Oran pour négocier un nouveau traité (le Traité de Tafna), qui reconnaît son titre d’Émir et son autorité sur la majeure partie des provinces d’Alger et d’Oran. Abd El Kader ne se borne pas à rassembler des terres, à grouper des territoires pour asseoir sa puissance politique, il va les unifier administrativement dans un sens aristocratique et égalitaire pour unir les populations contre les Français, à l’automne 1839.
En 1841, le général Lamoricière voulut débarrasser les abords de la place Kléber des habitations citadins, car la vieille ville était considérée comme un quartier européen. Il fixa alors cette masse flottante originaire des citadins des banlieues. Le général Lamoricière créa en 1845 le premier quartier d’Oran, principalement habité par des étrangers, des proscrits, des renégats, des bohémiens et en particulier les hommes de couleur, Ce fut le village des ‘’Djalis’’ ou des ‘’étrangers’’, que l’on appellera par la suite, assez improprement d’ailleurs’’village-nègre’’. C’est en 1880 que les citadins des banlieues ont habité le quartier de nouveau. Le quartier est devenu M’dina-Jdida (ville nouvelle). Ce village a constitué le principal centre d'agglomération des musulmans algériens dans la ville d'Oran. L'année 1847 voit l'arrivée de 47 300 Français qui étaient venus d'Alsace, des Vosges, du Dauphiné et du sud de la France, en même temps que 31 000 Espagnols, 8 800 Maltais, 8 200 Italiens et 8 600 Suisses et Allemands. L'année 1849 est marquée par une épidémie de choléra qui frappe et décime la population d’Oran. Du 11 octobre au 17 novembre 1849, 1 817 décès ont été déclarés à l’état-civil d’Oran à la suite de l'épidémie. Dix ans plus tard (1859) arrivent les juifs de Tétouan.
Plan d'Oran en 1927
Au début du XXe siècle, Oran vit une croissance continue depuis plusieurs années. En 1930, le port d’Oran dépasse en tonnage celui d’Alger. Entre1930 et1932, plusieurs records mondiaux de durée et de distance en circuit fermé sont établis sur l'aérodrome d'Es Senia. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mers el Kébir est l'une des scènes d'affrontement. Le 3 juillet 1940, la flotte française de l’Atlantique basée à Mers el Kébir, est bombardée par la flotte britannique, en provenance de Gibraltar, entraînant la perte de trois cuirassés : le Dunkerque, le Provence et le Bretagne. 1 200 marins périssent. Le6 juillet la marine française déplore 1 297 morts ou disparus et 351 blessés. Les soldats reposent au cimetière marin de Mers El-Kébir. Le 10 novembre 1942, Oran capitule. Le commandant en chef des troupes américaines était le général Eisenhower, futur président des États-Unis. Le même mois, les Américains débarquent dans la baie, point de départ de la victorieuse campagne d’Italie. Le 20 novembre 1943, le tout nouveau cuirassé de 50 000 tonnes ‘’Iowa’’, portant à son bord le président Roosevelt se rendant aux conférences du Caire et de Téhéran, accoste à Mers El-Kébir, probablement le seul port de l’Afrique du Nord susceptible d’accueillir rapidement à la jetée nord, bord à quai, un tel navire. De là, Roosevelt gagne l’aérodrome de Es Senia dans sa voiture présidentielle (voir Alfred Salinas, "Les Américains en Algérie 1942-1945", L'Harmattan, 2013, chapitre 10 "Roosevelt en Oranie (20 novembre 1943)", p. 343-360)
Place d'armes
Oran est démographiquement la ville la plus européenne de l'Algérie ; c'est aussi celle où la population d'origine espagnole a la plus forte prépondérance numérique. En 1948, la ville compte 352 721 habitants. La population oranaise originaire d'Espagne est estimée à 65 % du total des Européens, eux-mêmes plus nombreux que les musulmans46.
Mars 1949, dans un hôtel d’Oran « Hôtel de Paris » Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed deux responsables de l'os du PPA en compagnie de Hamou Boutlelis préparent le cambriolage de la poste d’Oran, le casse leur rapporte 3 070 000 francs. Cet argent sera le début du trésor de guerre du FLN.
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